Historique du SNGRD
Le Système National de Gestion des Risques de Désastres (SNGRD) a été mis en place au début du 21ème siècle. Bien avant, la réponse aux catastrophes naturelles a été prise en charge par la Société Nationale de la Croix-Rouge Haïtienne créé en 1932, laquelle société a rejoint la Fédération internationale de la Croix-Rouge en 1935. Par la suite, l’Organisation de Pré-Désastre et de Secours (OPDES) a été mise sur pied par les autorités avec la même mission que la Croix-Rouge. Depuis le milieu des années 1980, l’introduction du risque et de l’imminence de la catastrophe devient donc un phénomène notable dans de nombreux domaines qui n’est pas sans conséquences sur les modes de gouvernement, les formes de politique et les conceptions de la « sécurité ». En 1997, la Direction de la Protection Civile (DPC) a été créée au sein du Ministère de l’Intérieur en remplacement de l’OPDES à la faveur de la Décennie 90 déclarée au niveau des Nations-Unies et qui engage les États à assurer une bonne gestion des risques pour prévenir les catastrophes.
En 2001, animé par les leçons tirées du cyclone Georges en 2018, le Gouvernement haïtien a développé le 1er Plan national de gestion des risques et des désastres (PNGRD) et initié du même coup la mise en place du Système national de gestion des risques de désastre (SNGRD). La gestion des risques de désastre (GRD) est depuis érigée en priorité majeure du développement durable du pays. Au cours des 20 dernières années, le SNGRD a dû faire face à de nombreux phénomènes désastreux : les inondations aux Gonaïves en 2004 et 2008 provoqué par les cyclones Jeanne et Hanna, le tremblement de terre de 2010 suivi de l’épidémie de choléra, les ouragans Isaac et Sandy, puis récemment le cyclone Matthew en 2016.
Depuis sa création, diverses structures locales, communales et départementales ont été mises en place pour assurer la coordination des réponses à ces phénomènes avec les partenaires nationaux et internationaux. Pour s’adapter aux cadres d’Action de Hyogo, puis de Sendai et notamment prendre en compte la nouvelle approche de Sécurité humaine promu par les Nations-Unies, l’État haïtien a décidé d’élaborer le nouveau Plan national de Gestion de Risques et de Désastres (PNGRD 2019-2030) , qui s’inscrit dans la continuité du premier plan. Haïti a ainsi renouvelé son engagement à construire sa résilience économique, sociale, sanitaire, culturelle et environnementale, pour notamment accélérer les efforts de réduction des vulnérabilités face aux aléas naturels et ceux liés à l’activité humaine. Ce cadre stratégique constitue le nouveau référentiel national en matière de GRD. Il fixe des orientations pour les dix prochaines années, sans pour autant remplacer les politiques et les plans sectoriels, qui doivent converger vers la gestion économique, sociale et environnementale de la réduction des risques de catastrophe aux fins du développement durable d’Haïti.
Appui du R2D2 au SNGRD
R2D2 est un dispositif mise en place, à l’initiative de l’AFD, dans le cadre de la mise en application des vœux du Secrétariat général des Nations-Unies que l’aide au développement et à l’assistance humanitaire soit le plus localisée possible. Composée de trois OSC au départ, R2D2 vise le renforcement des OSC membres, mais aussi et surtout le renforcement du SNGRD. Donc, son articulation avec le SNGRD doit permettre d’améliorer la coordination des acteurs au niveau local et la circulation des informations entre les différents niveaux (local, communal, départemental).
Au cours des quatre premières années de mise en œuvre du Dispositif R2D2, les organisations membres du Consortium ont apporté leur appui au renforcement du système à travers des activités au niveau local, communal et départemental. Les actions des trois OSC couvrent les communes de Baie-de-Henne, de Limonade, de Ferrier et Ouanaminthe, les communes de Cavaillon, Maniche, Cayes, Aquin, Torbeck, les Anglais, Chardonnières et Tiburon. A travers CARITAS, comme prestataire de service, le Dispositif a également touché la commune de Jacmel.
Appui au SNGRD au niveau local
ADEMA a créé 4 équipes d’intervention communautaires (EIC) et mis en place 4 comités locaux de protection civile (CLPC) dans la commune de Baie-de-Henne. ITECA en a créé 2 comités locaux dans une section communale de Maniche et une autre de Cavaillon et appuyé le renforcement de 2 autres au niveau des Cayes, mis en place dans le cadre d’un autre projet. Au niveau de Torbeck, VETERIMED a supporté la mise en place d’1 autre comité local de protection civile dans une section communale. A Jacmel, dans les sections communales de Bas Cap-Rouge et de Lavanneau, CARITAS a aidé à la redynamisation de 2 comités locaux. Ce qui fait, en tout, 11 CLPC et 4 EIC rendus fonctionnels dans 11 sections communales de 6 communes. Ces structures locales ont non seulement reçu des formations sur les thématiques liées à la GRD, mais ont aussi bénéficié d’un appui en matériels et équipements d’intervention.
Par la même occasion, en vue d’aider à protéger les communautés en réduisant les risques d’inondation et d’érosion, des travaux de mitigation (correction de ravines, conservation des sols) ont été effectués dans des endroits à risques au niveau des sections communales de Bas Cap-Rouge (localité Lafond), de Lavanneau (localités: Source Gabrielle, Savanette et Benjamin), de La Réserve (localités Zabette) et de Lestère Déré (localité Dupré). En appui aux éleveurs, en vue de limiter les effets de la rareté de l’eau, deux pompes installées sur deux puits artésiens et alimentées avec de l’énergie ont été réhabilitées dans les communes de Limonade et de Ouanaminthe.
ADEMA a réhabilité le bureau du CASEC de la 1ère section communale Citerne Rémy, en guise d’abri provisoire. Des systèmes d’alerte communautaire précoce ont été également placés dans des localités au niveau des sections communales de Baie-de-Henne et de Jacmel.
Appui structurel au SNGRD au niveau communal
Dans le Nord et le Nord-Est, VETERIMED a appuyé la redynamisation des comités communaux de protection civile (CCPC) de Limonade, de Ferrier et de Ouanaminthe. Cet appui a consisté en (a) l’organisation de session de formation, servant de recyclage pour les anciens membres et d’acquisition de nouvelles connaissances pour les nouveaux, (b) la fourniture de certains matériels de fonctionnement/intervention et (c) la révision des plans de contingence. ITECA a aussi supporté la Coordination technique départementale du Centre à créer un CCPC dans la nouvelle commune de Baptiste. Des formations ont été organisées au profit des nouveaux membres de ce comité.
Appui à la Gestion des urgences
Prévention de la propagation du COVID-19
En 2020, après la déclaration officielle de l’apparition du COVID-19 dans le pays, les organisations ont entrepris une campagne de sensibilisation et de prévention de cette maladie.
- VETERIMED a installé 26 points de lavage des mains à l’entrée des unités de transformation (Laiteries), distribué 8 650 masques dans différentes communautés des communes ciblées dans le projet et également 3870 flacons de gel hydroalcoolique.
- ADEMA a installé des points de lavage de mains (modèle tippytap) pour environ 2700 familles et 17 systèmes de lavage de mains dans des structures sanitaires des 4 communes du Bas Nord-Ouest. Elle a aussi distribué 2000 cache-nez aux membres des structures de protection civile (CCPC, CLPC, brigadiers, EIC) et rendu disponible à faible prix plus de 6000 autres cache-nez pour la communauté.
- ITECA a aussi appuyé les organisations communautaires et les autorités locales (Mairie, CASEC) dans la vulgarisation, la sensibilisation et l’adoption de mesures de prévention. Des équipements de protection (masques et gels de nettoyage des mains), des kits de lavage des mains (seaux avec robinet, chlore et savon) ont été distribués dans 8 communes du Sud et 3 communes de l’Artibonite.
Réponse d’urgence au tremblement de terre du 14 aout 2021, dans le Sud.
Deux organisations membres du Dispositif ont intervenu rapidement après le séismes du 14 aout 2021 dans le Sud: ITECA et VETERIMED. Présentes au côté de la coordination technique départementale de Gestion des risques de désastres du Sud (CDGRD-Sud), elles ont menées chacune deux opérations d’assistance.
ITECA, pendant la 1ère opération, a contribué au traitement des données d’évaluation des dégâts et d’analyse des besoins au niveau du COUD, a donné un support logistique en communication et déplacement. L’organisation a aussi donné un appui logistique à trois comités communaux et un comité local de protection civile (recharge téléphonique, bâches. Aux familles victimes, environ 500 dans trois communes, elle a distribué des bâches, de l’eau traitée et des produits de traitement d’eau. Au cours de la deuxième opération, environ 440 Bâches et 300 lampes solaires ont été distribuées à près de 500 nouvelles familles dans les 3 communes.
Au cours de ces deux opérations d’urgence, VETERIMED a pu assister 2100 familles dont 90 % étaient représentées par des femmes au niveau de 3 communes (Coteaux, Roche-à-Bateau et Torbeck) en leur fournissant à chacune un paquet contenant des produits alimentaires, du savon et des pastilles de traitement d’eau. Au niveau de la commune des Côteaux particulièrement, l’organisation avait facilité l’approvisionnement en eau à hauteur de 10,000 gallons aux habitants du centre-ville .
Projets de relèvement des familles affectées
Conformément aux recommandations de l’évaluation des besoins post-désastres, le Dispositif R2D2 avait pris les dispositions pour entrer dans la phase de relèvement des familles affectées. Les deux organisations concernées avaient donc entrepris chacune d’élaborer, en collaboration avec les structures communales et locales de protection civile, un petit projet visant à permettre aux familles affectées de recouvrer les moyens de subsistance dont elles disposaient avant. Ces projets qui devraient démarrer en Aout 2022 pour terminer en janvier 2023 avaient dû faire face à la crise du carburant qui avait provoqué la paralysie complète des activités entre Aout et novembre, et ont pu commencer qu’en décembre 2022.
ITECA entend contribuer à la reconstruction des maisons pour 25 familles, fournir des ovins à 132 familles et appuyer la reprise de l’élevage de poulets de chair pour 20 femmes. Ces activités se réaliseront dans les communes de Cavaillon, d’Aquin et de Maniche.
VETERIMED contribue à la création d’activités génératrices de revenu au profit 405 familles de Côteaux en leur octroyant à chacune une paire de chèvres. 10 Agents du groupement de santé animale de la commune recevront aussi des boucs améliorés. 145 autres recevront bientôt leurs troupeaux. A Torbeck, l’organisation appuie une organisation de planteurs en lui octroyant une paire de silos pour renforcer son activité de stockage de grains.
CONCLUSION
Le Dispositif R2D2, grâce avec le financement de l’Agence française, est en train de remplir le rôle qui incombe aux organisations de la société civile haïtienne d’œuvrer au renforcement du Système national de gestion des risques de désastres en intervenant auprès des populations vulnérables, en collaboration et coordination avec les structures locales, communales et départementales de protection civile, pour mitiger les risques, prévenir les catastrophes et contribuer à alléger la souffrance des familles affectées par les événements adverses.